Comme la plupart des villes, Pleaux a eu plusieurs seigneurs au fil du temps qui ont fait valoir des droits divers sur les habitants et leurs biens. On en compte pas moins d’une dizaine - seigneurs laïcs ou ecclésiastiques – allant du Roi de France à des hobereaux locaux. Tous avaient des armoiries plus ou moins connues que ce modeste essai s’est efforcé de rassembler en précisant leurs origines et les variantes éventuelles. Les principales sources utilisées sont le Nobiliaire d’Auvergne de J-B Bouillet (1848), le dictionnaire des anciennes familles de l’Auvergne d’Ambroise Tardieu (1884), La Haute Auvergne dans l’Armorial Général de France de 1696 du docteur de Ribier (1910) et divers documents d’archives.

Famille éponyme de Pleaux

Noblesse de chevalerie ; viguiers de Pleaux ; famille éteinte en la personne de Marguerite de Pleaux, dernière héritière du nom qui épouse François de Grenier seigneur de Laborie en Quercy en 1571 (voir infra)

Armes: de gueules au lévrier rampant d’argent, colleté d’azur et accompagné de six billettes d’argent mises en orle

 

blasons 01

 

Si l’on en croit le sens symbolique attaché aux différentes figures du blason, les armoiries de la famille de Pleaux seraient des plus honorables. En effet les « billettes » dans lesquelles certains ont vu, à tort, le renvoi à une seigneurie établie dans une région de forêts est en fait une référence à des petites pièces d’étoffes plus longues que larges en fil d’or ou d’argent que les gens de qualité faisaient coudre sur leur habit comme un signe d’indépendance (ou de franchise) car seuls les gens libres pouvaient en porter[1]. Pour d’autres auteurs les billettes symboliseraient des châteaux. Quant au lévrier, il est traditionnellement le symbole de la fidélité.

Famille du Dognon

Le Doignon (ou Dognon ou Donho) est un lieu - dit au voisinage de la ville de Pleaux ainsi qu’un ancien château intra-muros, berceau d’une très vieille famille éteinte au 15ème siècle. Son dernier représentant semble avoir été un Pierre du Doignon mort sans postérité masculine et probable parent de Jeanne de Vaissières, mariée avec Hélie II de Saint - Exupéry. (Voir infra famille de Saint Exupéry)

Armes: mi- parti au 1 d’or au lion rampant de gueules (qui est de Saint Exupéry) et au 2, une barre ou cotice accostée de deux étoiles ou molettes (qui est du Dognon)

 

blasons 02Ecu de pierre encastré dans le mur de l’hospice Saint Charles

 

Famille de Rilhac

La famille de Rilhac hérite de la seigneurie du Doignon en 1585 suite au mariage de Rose de Saint Exupéry (fille de Guy et de Madeleine de Saint Nectaire) avec Louis de Rilhac. Ce dernier étant mort sans postérité, c’est son neveu, François de Rilhac, bailli des montagnes d’Auvergne, qui héritera finalement de la seigneurie du Doignon et c’est à cette occasion, au sortir des guerres de religion qui avaient considérablement modifié le visage de Pleaux, qu’il fit établir le terrier dit du Doignon (1592). Le château du Doignon ayant été incendié en 1575 après la reprise de la ville par les Catholiques, la famille de Rilhac s’est sans doute fait construire un castelet - ou a aménagé la partie encore habitable de l’ancienne demeure - sur l’assiette de l’ancien château ; ce vestige de l’ancien château du Dognon, passé par alliance dans la famille de Lignerac, a été légué à une œuvre de charité en 1717 pour l’établissement de l’hospice Saint Charles.

Armes: elles ont été décrites de différentes manières :

  • Palé d’argent et de gueules de sept pièces → figure 1
  • D’argent à sept rilles de gueules dans le livre de raison des seigneurs de Plaignes→ figure 2
  • D’argent à sept vergettes de gueules (Fortia) → figure 3  

L’utilisation dans une pièce d’archive locale du terme « rille » - vieux français (ou patois) pour barre ou barreau -  en lieu et place du terme classique du vocabulaire héraldique à savoir la « vergette » donne à penser qu’il pourrait s’agir d’armoiries parlantes, Rillac ou Rillac (autre graphie du patronyme) donnant « rille » comme meuble du blason. Quant à la description de la figure 1 on la trouve dans la littérature locale (voir Raymond Mil) ; à noter qu’elle peut être une source de confusion avec le blason des Lignerac (voir infra)

 

blasons 03aFigure 1 blasons 03bFigure 2 blasons 03cFigure 3

 

Famille de Lignerac

Les Robert de Lignerac, venus du Limousin, deviennent coseigneurs de Pleaux à la suite du mariage en 1294 de Sybille de Pleaux avec Géraud Robert seigneur de Lignerac. Lignage prestigieux qui portera le titre de duc de Caylus à la fin de l’Ancien Régime.  

Armeselles ont été décrites de deux manières :

  • D’argent à trois pals de gueules (1666)
  • D’argent à trois pals d’azur

blasons 04Blason des Robert de Lignerac (1666)  blasons 05Blason des Robert de Lignerac duc de Caylus 

A noter que la description de 1666 du blason des Lignerac (d’argent à trois pals de gueules) peut être une source de confusion avec une des manières de représenter les armes des Rilhac (voir la figure 1 à la page précédente)

 

Famille de Grenier -Laborie

François de Grenier seigneur de Laborie en Quercy épousa en 1591 Marguerite de Pleaux fille unique et héritière de Pierre de Pleaux coseigneur de la ville ; devenus de ce fait coseigneur de la ville de Pleaux, les Grenier porteront le titre de marquis de Pleaux jusqu’à l’extinction de la lignée en la personne de Louis Christophe de Grenier dernier marquis de Pleaux époux de Marie Françoise de Montclar, mort sans postérité au château de Ragheaud (commune de Saint Cernin) dans la deuxième moitié du 18ème siècle.

Le blason des Grenier actuellement apposé sur la maison dite maison Maley sur la place de Pleaux n’a pas sa place en cet endroit puisqu’il s’agit d’une maison bâtie en 1656 par un certain Antoine Leconnet marchand de son état. L’emplacement du château des Grenier, marquis de Pleaux, héritier de la famille éponyme établie en ce lieu depuis le moyen - âge n’est pas connu avec certitude. On peut cependant déduire de certains documents qu’il existait encore dans la première moitié du 18ème siècle et qu’il s’agissait probablement du presbytère actuel lequel a successivement abrité ensuite la mairie, l’école puis la poste. (Voir la mention du château du seigneur marquis de Pleaux dans le contrat de mariage d’Antoine Dapeyron docteur en médecine et Marie Rongier le 29 juillet 1735.[2])     

Armes: De gueules à la fasce d’or

 

blasons 06

Famille de Saint – Exupéry - Miremont

La généalogie de la maison de Saint - Exupéry originaire du village éponyme près d’Ussel est parfaitement connue depuis Raymond de Saint - Exupéry qui vivait en 1235. Elle s’installe en Haute Auvergne autour de 1330 avec le mariage de Hélie de Saint - Exupéry avec Marthe de Miremont qui apporte à son époux la seigneurie de Miremont avec le château dont on peut encore voir les ruines imposantes près de Mauriac. Petit - fils d’Hélie I, Hélie II de Saint- Exupéry, coseigneur de Miremont allait joindre à ses titres celui de seigneur du Doignon par son mariage autour de 1430 avec Jeanne de Vaissières, dame du Doignon (voir supra)

 

ARMES DES MIREMONT ARMES DES SAINT EXUPERY
blasons 07D’azur à trois miroirs ronds d’argent encadrés de gueules au chef d’or blasons 08D’or au lion de gueules 

 

Famille de Bourbon - Malause

Henri Ier de Bourbon Malause, descendant d’un bâtard de Jean II duc de Bourbon et d’Auvergne, était seigneur du Doignon suite à son mariage avec Françoise de Saint-Exupéry, fille aînée de Guy de Saint-Exupéry, seigneur de Miremont, bailli des montagnes d'Auvergne, et de Madeleine de Saint Nectaire. Il fut l’un des chefs du parti protestant pendant les guerres de religion et s’empara de Pleaux en 1574 où il fit brûler le château de Pleaux Soubeyre appartenant à son principal adversaire catholique, François Robert de Lignerac. Lorsque ce dernier reprit Pleaux en 1575, suite à la défaite des Protestants à la bataille du Puy Quinsac, il brûla en représailles le château du Dognon, propriété d’Henri de Bourbon Malause…

Armes : d’argent à la bande d’azur semée de fleurs de lys d’or et chargée d’un filet de gueules en barre (voir Bouillet tome I page 303) et figure 1 ci-dessous.

 

blasons 09Figure 1 blasons 10Figure 2 blasons 11Figure 3

Le blason qui figure actuellement au dessus du porche de la cour de l’hospice de Pleaux construit ou en partie reconstruit par François de Rilhac sur l’emplacement du château du Dognon est celui des Bourbon duc de Montpensier (figure 2) , dauphins d’Auvergne lesquels n’ont rien à voir avec l’histoire de Pleaux. Voir Bouillet tome I page 219. La branche des Bourbon-Malause, qu’il ne faut pas confondre avec les Bourbon - Lavedan ( figure 3)  s’est éteinte en 1744 avec la mort d’Armand de Bourbon - Malause , dernier marquis de Malause.

Il existe une branche portugaise de la famille de Bourbon – Malause qui descend de Madeleine de Bourbon – Malause  fille de Henri de Bourbon-Malause et de Madeleine de Saint Nectaire , mariée en 1595 à Gilbert François de Cardaillac baron de La Capelle Marival . De cette union naitra Victoire de Cardaillac mariée au Portugal avec Luis de Lima Britto y Noguera, premier comte d’Arcos d’où une nombreuse descendance portant encore aujourd’hui le nom patronymique de Bourbon et les armes des Bourbon - Malause[3]

NB En héraldique, les armoiries des bâtards se distinguent par les brisures suivantes : un filet brochant en barre (c’est le cas pour les Bourbon - Malauze) ; un franc-quartier aux armes paternelles, dans un écu plain ou chargé de meubles ; un chef rompu ou une « champagne » ; exceptionnellement, les armes paternelles chargeant une pièce de l’écu.

Sceau du pariage de Pleaux (bastide royale)

En février 1289, l’abbé de Charroux passe un traité avec le roi Philippe le Bel aux termes duquel est créée une bastide comprenant l’ancienne ville de Pleaux et la place dite d’Empeyssine, disposant des mêmes franchises que celles accordées à Villefranche de Rouergue avec baillis nommés par les deux parties, consuls et sceau commun à utiliser à l’exclusion de tout autre. 

Armes mi-parti au 1 de France ancien (cinq fleurs de lys) et au 2 de Charroux (un bras tenant une crosse), à la bordure denchée ; plus tard, sur un sceau appendu à un document de 1470, Delalo note que les cinq fleurs de lys ont été remplacées par une seule fleur de lys.

blasons 12Blason du pariage au-dessus de la porte d’entrée de la Mairie blasons 13Sceau du pariage de Pleaux

 

En héraldique la bordure denchée a la signification de protection ou de faveur ; ainsi dans le cas présent, la bordure denchée qui entoure les blasons conjugués de l’Abbé de Charroux et du roi de France signifie que l’abbé comme le monarque (Philippe le Bel) accordent leur protection commune à la bastide de Pleaux, nouvellement créée. Ce qui correspond parfaitement à l’objectif poursuivi par la charte de pariage de 1289.

 

Autres blasons ayant un rapport avec Pleaux

A)  Astorg d’Aurillac (aux termes d’un traité avec l’abbé de Charroux en 1228 il prend en fief la garde de l’église, du château et de la paroisse de Pleaux)

Armes: de gueules au chef d’or accompagné de trois coquilles d’argent 

B) Le prieuré de Pleaux

Armes : d’or à un bâton de gueules posé en fasce   

C)  Jean Robert de Lignerac, prieur de Pleaux et doyen de Saint Chamand (1701)

Armes :  D’azur à un pal d’or chargé d’une croix de gueules

D)  La commanderie de Rosson ou Enroussou (Ordre militaire et hospitalier de Saint Lazare de Jérusalem)

Armes : d’argent à la croix de sable, chargée d’un porc de même

 

blasons 14Ordre de Saint Lazare blasons 15Commanderie de Rosson

 


[1] Gastelier de la Tour « Dictionnaire héraldique »

[2] Archives Dapeyron

[3] Les armes de Bourbon-Malause se décrivent en portugais de la manière suivante : de prata com banda de azul semenada de flores de lis de ouro carregada de um filete vermelho