Après la flamboyance de l’automne dont les ors fauves ont exalté sa muse, l’hiver contracte la palette du poète et le porte volontiers aux pensées moroses. A la campagne comme à la ville, la verroterie glacée des frimas maquille le paysage qui s’estompe derrière le rideau toujours retissé de la neige. Délaissant ses couleurs pour une pointe sèche, le poète aura le courage d’affronter la bise pour saisir le tournoiement de la poudreuse sur les toits d’Aurillac. Ou bien, rencogné au cantou, il pleurera le deuil de la nature avec son cortège de pensées funèbres - à l’aune de ses tourments du moment – non sans repérer sur l’immense linceul blanc, la pointe verte d’un crocus, grosse des débâcles joyeuses du printemps… Pour illustrer la saison « morte », la Revue se réjouit d’accueillir deux nouveaux auteurs dans le cercle sans cesse agrandi de ses fidèles. Venant tout juste d’entrer dans la carrière sur les pas d’un aïeul encore vert ayant entrepris de défricher, à sa manière, le maquis infini des mots, Julien Meunier nous a touchés par l’élégance discrète de ses confidences, murmurées avec un bonheur d’expression qui laisse bien augurer de la suite. Quant à Luc Dumont, Aurillacois fervent amoureux de la Xaintrie limousine et de ses bouleaux, il avait dédié au crépuscule de sa vie, à son maitre Raymond Mil les strophes inédites qui suivent en le priant, par modestie, de les garder par devers lui… Avouons que c’eût été fort dommage !