Omnia vulnerant, ultima necat
Devise de cadran solaire



La nature du temps qui passe reste largement une énigme pour le philosophe comme pour l’homme de sciences, attachés depuis toujours à en percer les mystères. Aux yeux du savant – dont le précurseur Gerbert d’Aurillac - le défi fut aussi d’en mesurer le cours au plus juste pour une meilleure compréhension des rouages de l’univers et, plus prosaïquement, pour les besoins de la vie quotidienne. On ne compte pas, depuis l’antique clepsydre jusqu’à l’horloge atomique, le nombre de procédés imaginés par l’homme pour domestiquer un phénomène aussi insaisissable que consubstantiel à sa condition.

A cet effort d’appréhension de l’impalpable, le poète a apporté une contribution originale en produisant au fil des siècles des milliers de vers sur le sujet, puisés au champ infini des métaphores temporelles… Au sein de cet apport, celui des poètes du terroir ne fut pas le moindre, proches qu’ils sont de la nature et des ressorts cachés du tourment des âmes simples. Il ne saurait être question ici de passer en revue les traces sans nombre de cette source d’inspiration, partout présente dans l’oeuvre des poètes de la Xaintrie. On se contentera d’un bref florilège de strophes consacrées aux instruments de mesure du temps. Conscient qu’ils sont aussi ceux de la mesure de sa finitude, le poète les voit le plus souvent sous le jour inquiétant d’instruments de torture : glaives croisés des aiguilles funèbres sur le cercle blafard de l’horloge, gnomon de fer fiché dans la pierre maquillée des cadrans solaires, fins stylets d’or s’écoulant des sabliers immobiles…Autant de blessures lancinantes qui ne cesseront qu’au son d’airain des derniers coups du glas final.