Saint Antoine, père de la tradition érémitique

cochon 01M Schongauer La tentation de St Antoine

 

Saint Antoine dit parfois l’Ermite ou le Grand a vécu en Egypte autour de l’an 300. Orphelin à l’âge de 18 ans, il se retire dans le désert où il passera la majeure partie de sa vie, allant d’un lieu désolé en un lieu plus désolé encore, jusqu’à son ultime retraite sur le mont Qolzum en Thébaïde. En quête de solitude absolue, loin de ses compagnons, Antoine voyait dans cette perpétuelle fuite, la condition d’une authentique méditation sur les fins dernières et la vanité du monde. La tradition rapporte cependant que cette retraite n’était pas toujours aussi sereine que désiré puisqu’Antoine était régulièrement soumis aux tentations et aux tourments corporels et spirituels les plus raffinés, imaginés par le Malin pour faire fléchir sa détermination. Scènes cruelles ou voluptueuses qui ont inspiré au fil des siècles les auteurs et les peintres en quête d’images propres à montrer aux fidèles toutes les facettes et les recettes de Satan. Mais à ce jeu, ce dernier se lassa et c’est plus que centenaire, qu’Antoine quitta cette vie dans son ultime refuge, sans avoir jamais rien cédé aux diableries du Malin. Extrêmement populaire, Il est aujourd’hui représenté dans maintes églises sur tous les continents, toujours accompagné d’un cochon…

 

Omnia vulnerant, ultima necat
Devise de cadran solaire



La nature du temps qui passe reste largement une énigme pour le philosophe comme pour l’homme de sciences, attachés depuis toujours à en percer les mystères. Aux yeux du savant – dont le précurseur Gerbert d’Aurillac - le défi fut aussi d’en mesurer le cours au plus juste pour une meilleure compréhension des rouages de l’univers et, plus prosaïquement, pour les besoins de la vie quotidienne. On ne compte pas, depuis l’antique clepsydre jusqu’à l’horloge atomique, le nombre de procédés imaginés par l’homme pour domestiquer un phénomène aussi insaisissable que consubstantiel à sa condition.

A cet effort d’appréhension de l’impalpable, le poète a apporté une contribution originale en produisant au fil des siècles des milliers de vers sur le sujet, puisés au champ infini des métaphores temporelles… Au sein de cet apport, celui des poètes du terroir ne fut pas le moindre, proches qu’ils sont de la nature et des ressorts cachés du tourment des âmes simples. Il ne saurait être question ici de passer en revue les traces sans nombre de cette source d’inspiration, partout présente dans l’oeuvre des poètes de la Xaintrie. On se contentera d’un bref florilège de strophes consacrées aux instruments de mesure du temps. Conscient qu’ils sont aussi ceux de la mesure de sa finitude, le poète les voit le plus souvent sous le jour inquiétant d’instruments de torture : glaives croisés des aiguilles funèbres sur le cercle blafard de l’horloge, gnomon de fer fiché dans la pierre maquillée des cadrans solaires, fins stylets d’or s’écoulant des sabliers immobiles…Autant de blessures lancinantes qui ne cesseront qu’au son d’airain des derniers coups du glas final.